L'oenotourisme, levier de développement rural et touristique
- Charlotte FOUGERE
- 15 nov. 2024
- 4 min de lecture
Dernière mise à jour : 21 avr.
Dossier Oenotourisme {Revue Espaces Tourisme & Loisirs}
Novembre 2024
Par Charlotte Fougère, Présidente de Calice Hospitality and Wines
L'oenotourisme, un marché en croissance
46,5 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2023, avec une prévision de croissance annuelle de 13 % d’ici à 2030 : l’œnotourisme attire des millions de visiteurs par an dans les dix principales régions viticoles mondiales dont la France, l’Italie, l’Espagne, les États-Unis et l’Australie. En France, l’œnotourisme occupe une place centrale dans l’attractivité touristique, avec 4,2 millions d’œnotouristes internationaux, consolidant ainsi son rôle de moteur économique.
Revitalisation des territoires
Si les territoires ruraux en France connaissent des dynamiques démographiques contrastées, des régions fortement marquées par la présence du vignoble ont su se réinventer grâce à l’œnotourisme. Elles bénéficient d’une attractivité croissante, renforçant l’installation de nouvelles entreprises et la création d’emplois dans des secteurs diversifiés. La Bourgogne ou l’Alsace sont connues, mais d’autres destinations moins attendues émergent. Le vignoble des Côtes Roannaises, labellisé Vignobles & Découvertes en 2020, est un exemple de revitalisation par l’œnotourisme. La Route des Vins, inaugurée en 2024, s’étend sur 56 km, reliant douze communes et mettant en valeur le cépage Gamay Saint-Romain, avec des circuits cyclo-touristiques, des randonnées et des infrastructures modernisées.
Saint-Pourçain : un modèle de résilience
Après avoir défini une stratégie dédiée et obtenu le label Vignobles & Découvertes en 2019, les collectivités locales soutiennent activement la promotion du vignoble. Le domaine des Bérioles propose des expériences immersivesadaptées à tous les publics, notamment les familles. Le Conservatoire des anciens cépages incarne l’engagement dans la préservation des variétés anciennes. 40 000 visiteurs par an, sans hausse du nombre d’exploitations mais avec une meilleure résilience économique : Saint-Pourçain-Val de Sioule illustre comment l’œnotourisme renforce les exploitations existantes
Saint-Tropez parie sur la désaisonnalité
Le Golfe de Saint-Tropez cherche à étendre sa saison touristique grâce à l’œnotourisme. Visites de vignobles, ateliers de dégustation, événements hors saison comme Les Chefs à Saint-Tropez révèlent une nouvelle facette de la région, axée sur la découverte des terroirs. Un collectif en création regroupe vignerons et opérateurs pour structurer l’offre, faciliter l’accès aux domaines et renforcer les liens avec les sites culturels.
Un levier de développement territorial
En plus de son impact économique, l’œnotourisme est un moteur de développement territorial. Il incite à repenser l’accueil, les infrastructures, les services publics essentiels comme les soins de santé, la sécurité publique ou la gestion des déchets.
Santé, sécurité, gestion des risques et des déchetsLes régions viticoles doivent garantir un accès rapide aux soins. Dans le Jura, la clinique d’Arbois reste ouverte grâce à la mobilisation des acteurs locaux. À Beaune, les Hospices Civils tirent de la Vente des Vins des revenus records (31 millions d’euros en 2022), servant à moderniser l’hôpital Philippe Le Bon.
La sécurité publique s’adapte : prévention des feux, services de secours renforcés, plans de gestion de crise. La gestion des déchets devient cruciale : tri sélectif, recyclage, gestion des eaux usées. En Champagne, un partenariat avec Veolia a permis de réduire les déchets et l’usage de produits chimiques, renforçant l’image écoresponsable de la région.
Transports et accessibilité
L’œnotourisme nécessite des infrastructures de transport adaptées : itinéraires piétons, cyclables, navettes. En Champagne, des navettes touristiques facilitent l’accès aux vignobles. Dans la Vallée du Rhône, des itinéraires cyclables ont été créés. L’affichage œnotouristique dans les gares (Beaune, Toulouse, Narbonne) renforce l’attractivité des destinations.
À l’avant-garde du tourisme décarboné
L’œnotourisme joue un rôle clé dans la transition vers un tourisme durable. De nombreux domaines intègrent énergies renouvelables, machines électriques, captation carbone et projets de reforestation.
Le Château Haut-Bailly, à Pessac-Léognan, a conçu une cuverie écologique avec jardin suspendu.
La Maison Joseph Drouhin expédie une partie de ses vins par voilier-cargo, réduisant de 90 % les émissions de CO2.
Le projet Qanopée Bourgogne-Champagne développe des serres bioclimatiques pour sécuriser la production de plants de vigne.
Un tourisme à faible impact : circuits à vélo, randonnées, véhicules électriques offrent une expérience immersive et respectueuse de l’environnement.
Préserver les paysages rurauxEn Bourgogne, les Climats inscrits à l’Unesco illustrent l’harmonie entre vignoble et paysage. Les murets en pierre sèche, les cabottes, et les pratiques agricoles traditionnelles soutiennent la biodiversité et le patrimoine paysager. L’œnotourisme permet une gestion durable des paysages, en valorisant les savoir-faire et en préservant les écosystèmes.
Vers un tourisme de sens et d’avenir
L’œnotourisme devient un moteur de transformation pour les territoires ruraux et touristiques, en combinant valorisation des terroirs, développement durable et innovation constante.Il renforce l’attractivité, incite à développer des infrastructures adaptées, des services publics efficaces, et favorise une croissance territoriale harmonieuse et résiliente.
L’engagement dans la décarbonation, les partenariats entre opérateurs et collectivités, et le respect des savoir-fairepermettent à l’œnotourisme de répondre aux attentes des nouvelles générations.
L’avenir de l’œnotourisme repose sur la capacité à innover tout en préservant les ressources naturelles. En poursuivant cette dynamique, il restera un levier stratégique majeur pour les destinations rurales, contribuant à la prospérité des régions viticoles et à l’émergence d’un tourisme porteur de sens pour les générations futures.
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