top of page
Rechercher

Dormir dans les vignes, l’essor des hébergements insolites au cœur des vignobles

  • Photo du rédacteur: Charlotte FOUGERE
    Charlotte FOUGERE
  • 15 sept.
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 16 sept.


Hébergements insolites dans les vignobles
©Calice Hospitality and Wines

Passer la nuit dans une cabane perchée au-dessus des vignes du Beaujolais, dans une bulle transparente au cœur des coteaux champenois ou dans un tonneau de bois transformé en chambre en Alsace : les hébergements insolites se multiplient dans les vignobles. Longtemps perçue comme une curiosité, cette offre est désormais considérée comme un levier stratégique de diversification et d’attractivité pour les domaines viticoles.


Le marché de l’hébergement insolite en France est estimé à environ 260 millions d’euros. UnicStay publie régulièrement une étude de marché appelée « Observatoire de l’Insolite », en partenariat avec le cabinet Alliances, qui analyse plusieurs dizaines de milliers de nuitées réservées via la plateforme AbracadaRoom. Selon cet observatoire, les taux d’occupation atteignent en moyenne 60 %, avec des pointes à plus de 70 % dans les zones proches des grandes métropoles. Les cabanes sur pilotis affichent même un taux de remplissage annuel de près de 62 %, preuve d’une bonne résilience malgré la saisonnalité.


Quand la créativité s’invite dans les vignobles


En Champagne, les bulles du concept Nuit’s Féerique à Meurville proposent une nuit au cœur des coteaux inscrits à l’UNESCO, avec petit-déjeuner champenois servi au lever du soleil. Dans le Beaujolais, les Cabanes du Domaine de la chaux de revel offrent des cabanes perchées avec vue panoramique sur les collines viticoles. En Alsace, le CAMPING - CARAVANING DU RIED a transformé d’anciens tonneaux en chambres cosy, créant une offre accessible et familiale. Dans le Bordelais, le Château de Bonhoste, à Saint-Jean-de-Blaignac, a installé des bulles transparentes directement sur ses parcelles, un exemple repris dans de nombreux guides internationaux. Plus au sud, en Provence, le Domaine la Vallongue aux Baux-de-Provence propose des lodges viticoles haut de gamme intégrés à son paysage méditerranéen.


Un levier économique qui séduit de plus en plus de domaines


Ces expériences atypiques génèrent des performances intéressantes. Les hébergements insolites affichent souvent une rentabilité nette comprise entre 15 et 20 %, contre 10 à 12 % pour des chambres d’hôtes traditionnelles. Le prix moyen d’une nuit en cabane haut de gamme est évalué à 246 euros, selon l’Observatoire de l’Insolite, et peut grimper de 30 à 40 % avec des équipements premium comme un spa privatif.

L’investissement initial varie : 5 000 euros pour une yourte, 30 000 à 50 000 euros pour une tiny house, jusqu’à 80 000 euros ou plus pour une cabane équipée avec des équipements premium. Avec un taux d’occupation de 150 jours par an et un tarif de 150 euros la nuit en moyenne, un hébergement insolite peut générer 22 500 euros de chiffre d’affaires annuel, avec un bénéfice net estimé entre 8 000 et 10 000 euros, selon les modalités de gestion. Des chiffres qui expliquent pourquoi de plus en plus de domaines choisissent cette voie. Si ce résultat reste attractif, il souligne l’importance de la taille critique pour générer un revenu significatif. Un domaine va généralement proposer plusieurs cabanes, bulles ou tiny houses, idéalement cinq ou plus, afin d'asseoir un modèle économique porteur.


Des contraintes à ne pas sous-estimer pour développer des hébergements insolites dans les vignobles


L’essor du modèle ne doit pas faire oublier ses limites. La saisonnalité demeure un frein majeur : la rentabilité repose souvent sur la période de mai à octobre, avec un remplissage plus difficile le reste de l’année. Les contraintes réglementaires sont également lourdes : respect du Plan Local d’Urbanisme, normes de sécurité, assainissement. Les bulles transparentes, par exemple, séduisent visuellement mais nécessitent un entretien constant et un remplacement régulier. Enfin, l’effet de mode peut s’essouffler si l’expérience ne s’accompagne pas d’une véritable immersion œnotouristique.


Entre insolite et tradition, trouver le bon équilibre


Les exemples européens montrent la pertinence d’une approche mixte. En Espagne, le domaine Perinet, dans la région viticole du Priorat, propose des weekends de glamping installés directement au cœur des vignes, avec des prestations haut de gamme : visite de la cave, dégustation, repas avec produits locaux, et immersion complète dans le paysage viticole. Ce type d’offre montre que le glamping, quand il est bien intégré à la structure du domaine et soutenu par une communication forte, peut être un levier attractif puissant. Au Portugal, dans le Douro, la QUINTA DE VENTOZELO SELECCION SL a installé des pods vitrés avec vue sur les vallées classées au patrimoine mondial, tout en développant des séjours pédagogiques autour de la viticulture. En Autriche, dans la Styrie, d’anciens tonneaux viticoles reconvertis en chambres créent un pont entre tradition et innovation.


Dans tous ces cas, les hébergements insolites jouent le rôle de produit d’appel, générant visibilité et attractivité immédiate. Les chambres d’hôtes et gîtes traditionnels, eux, assurent la stabilité et la fidélisation à l’année. Les stratégies les plus solides associent les deux, combinant image et sécurité économique.


Vers une nouvelle étape pour l’œnotourisme


L’hébergement insolite dans les vignes dépasse aujourd’hui l’effet de curiosité. Il s’impose comme un outil stratégique pour renforcer la compétitivité et l’image des vignobles. Bien intégré à une offre globale associant vin, patrimoine et culture, il permet d’attirer de nouvelles clientèles, d’augmenter la valeur du panier moyen et de contribuer à la durabilité économique des territoires viticoles.


Conseils aux domaines et investisseurs


  • Choisir le bon format : cabane haut de gamme pour capter une clientèle premium, roulotte ou tonneau pour élargir la gamme, tiny house pour un positionnement durable et modulable.

  • Anticiper le seuil de rentabilité : viser au minimum 120 à 150 nuitées par an pour couvrir les coûts fixes et atteindre un retour sur investissement en moins de cinq ans.

  • Intégrer l’offre dans un parcours global : combiner hébergement avec visite de cave, atelier de dégustation ou expérience gastronomique pour augmenter la valeur du panier moyen.

  • Soigner la distribution : s’appuyer sur les plateformes de réservation spécialisées mais aussi travailler en direct via le site du domaine pour fidéliser la clientèle.

  • Maîtriser la réglementation : vérifier le PLU, anticiper les contraintes d’assainissement et de sécurité pour éviter les blocages administratifs.


Besoin d'un accompagnement pour votre projet ? Contactez-nous sur www.calicehospitality.com

 
 
 

Commentaires


bottom of page